Bonjour à tous et bienvenue à vous dans cette quarante-deuxième édition de la revue des projets ! À cette exceptionnelle occasion -et bien que nous en soyons déjà à la quarante-troisième semaine-, nous allons bien entendu traiter de quelque chose de hautement philosophique, comme il convient à un article rédigé de ma plume. Et pas une remarque au sujet des autres articles que j'ai rédigés.

Bien sûr, on ne peut pas ne pas parler de la grande question sur la vie, l'univers et le reste, apparue dans Le Guide du voyageur galactique de Douglas Adams, qui admet elle-même une grande réponse connue pour être un nombre suffisamment quelconque pour figurer en tête de cet article.

Le problème, c'est que, tout content de connaître la réponse ultime, encore nous faut-il connaître la question ultime. Oui, dans cette œuvre, on trouve une réponse à une question inconnue. Comme le dit si justement Claude Bernard : « L'expérimentateur qui ne sait pas ce qu'il cherche ne comprend pas ce qu'il trouve. ». Je crois que cela n'a jamais été aussi vrai que dans ce célèbre cas ! Une interprétation dit qu'il est impossible de connaître à la fois la réponse et la question, ce qui fait inéluctablement penser au théorème d'indétermination d'Heisenberg.

Cependant, la question est souvent énoncée comme étant « Quel est le sens de la vie ? ». Un questionnement légitime, certes, mais une question hautement invraisemblable. En effet, vous qui êtes composé de particules indéterminées, vous ne pouvez pas être vous-même déterminé [transition discutable]. Je sais qu'en citant ça, je vais froisser Spinoza et quelques autres adhérents à sa vision de la liberté, mais d'après Sartre, « l'homme est condamné à être libre ». Car oui, partons du principe que vous et moi sommes tous déterminés (au sens philosophique, cela signifie que nous ne sommes pas libre de nos actes, que la liberté n'est qu'une illusion ; et que tout ce que nous ferons, nous le ne ferons pas parce que nous le voudrons mais parce qu'il est déjà déterminé que nous devrons le faire). Personnellement, ça me fait une belle jambe, vous dirai-je. Je ne connais pas le futur, donc je n'ai aucune preuve ni aucune indice sur ce que je dois être amené à faire, et je n'ai pas moins le sentiment d'être libre.

À l'inverse, imaginons que nous sommes libres et que je veux prouver que je suis déterminé : il me suffit d'attendre que le fait soit passé et de soulever que ce qui s'est passé devait se passer. Aucun argumentaire, quel que soit le point de vue défendu, ne peut donc finalement se tenir tout seul. Et sincèrement, y en a-t-il un seul ici qui puisse prouver formellement que nous sommes déterminés, ou libres ? Donc en conséquence, y a-t-il quelqu'un qui puisse déterminer formellement le sens de la vie ?

Donc, je pense légitime de conclure de cette modeste piste de réflexion que de déterminisme ou de liberté, nul ne pouvant trancher, le plus efficace reste encore de choisir : personnellement, je choisis sans hésitation la liberté, car au-delà de donner plus de valeur à nos actes, j'ai en permanence le sentiment d'être libre, et nul ne pourra me l'enlever : par conséquent, je trouve inhumain d'oser ignorer ce sentiment au profit d'une théorie qui nous veut déterminés, même si elle propose une vision intéressante qui casse entre autres le mythe selon lequel l'homme serait « un empire dans un empire [la nature] ».

Et le rapport avec le sens de la vie ? C'est facile. Si vous aussi vous vous sentez libre de décision -ce que je vous souhaite-, il ne vous reste plus qu'une chose à faire : choisir le sens que vous donnerez à votre vie. Car nul ne peut le faire pour vous ! Vous êtes libres et condamnés à l'être pour le restant de votre humble vie.

Je sais que ces idées que je partage ici sont issues d'une réflexion personnelle et orientée, si vous êtes en désaccord, ou même si vous vous accordez avec la vision présentée ici, faites-le savoir dans les commentaires ! Mais toujours sur un ton posé de débat.



Bon, et les projets, me direz-vous ? Je les ai complètement oubliés.

Nan j'déconne ! À l'heure où j'écris, il n'y en a qu'un. Au moins, il donne du sens à l'existence de cet article non ? Parce qu'inutile de plaisanter, je sais pertinemment que la plupart d'entre vous n'a rien écouté jusqu'ici, pas pris de notes, et dormi derrière son téléphone. Non Bouchard, n'essayez pas de me faire croire le contraire ! Ah si ? Platon vous intéresse ? Eh bien vous allez lire Platon dans le couloir parce que vous êtes en retard de plusieurs semaines. Et bon débarras.

Ah oui, j'avais oublié de le préciser, mais bien entendu je fais un contrôle sur ce cours demain après-midi. Soyez prêts, ça vous laisse une journée et deux nuits pour donner un sens à votre vie. Soyez présents !